LE MONDE SELON CLEMENCEAU
Jean Garrigues
Il ne s’embarrasse pas d’éloquence classique lorsqu’il se moque de ses adversaires politiques. L’humour est sa marque de fabrique, avec un brin de mauvaise foi pour corser le jugement. « On reconnaît un discours de Jaurès au fait que tous les verbes sont au futur. » « La France, pays où il est souvent utile de montrer ses vices, et toujours dangereux de montrer ses vertus. » « Ne craignez jamais de vous faire des ennemis ; si vous n’en avez pas, c’est que vous n’avez rien fait. » « On ne ment jamais autant qu’avant les élections, pendant la guerre et après la chasse. » « Les fonctionnaires sont un peu comme les livres d’une bibliothèque : ce sont les plus haut placés qui servent le moins. » Georges Clemenceau fut d’abord un jeune homme en colère, un républicain engagé à l’extrême gauche, anticlérical farouche et hostile à la colonisation. Surnommé « le tombeur de ministères », ses joutes oratoires avec Léon Gambetta ou Jules Ferry sont mémorables, ses formules et réparties ont scandé la vie politique de cette époque. Président du Conseil de 1906 à 1909, sa politique de fermeté envers le mouvement ouvrier en révolte lui vaut les surnoms de « Tigre » et de « premier flic de France. »
Des citations recueillies, commentées et contextualisées par Jean Garrigues, historien, professeur à l’Université d’Orléans et à Sciences Po, auteur d’une quinzaine d’ouvrages sur l’histoire politique de la France, dont Elysée Circus, Tallandier, 2016 (avec Jean Ruhlman).
Tallandier, 2014
Tallandier poche, 2017