Le musée Clemenceau présente sa nouvelle exposition-focus Clemenceau croqué par Sem du 15 octobre 2024 au 22 février 2025 organisée en partenariat avec l’association Sem.
« Doué d’un talent qui tient du prodige, il est le plus grand caricaturiste qui ait jamais existé. […] A force de volonté et d’intelligence, il est parvenu à se recréer. Il fallait qu’il fût ce qu’il est. Il est l’illustrateur d’une époque. […] Avec une acuité exceptionnelle, et par la seule puissance de son esprit et de son talent, Sem aura raconté les usages, les mœurs et les modes depuis 1900 jusqu’à l’année 1940 ou 50. » Sacha Guitry, Sem dans L’Illustration du 13 novembre 1911.
Personnalité de la Troisième République des plus marquantes, Georges Clemenceau (1841-1929) est une cible permanente des dessinateurs satiriques heureux de lui bâtir une réputation de papier, au fil des rôles successifs et parfois contradictoires qu’il endosse dans le jeu infini des combats de la politique. Mais il comprend que la caricature est nécessaire à son existence politique. Il est l’une des rares figures politiques qui ont, plus ou moins délibérément, tiré parti de leur propre caricature jusqu’à en faire une marque personnelle.
Clemenceau invite pour le premier numéro de L’Homme Libre, le 5 mai 1913, le dessinateur en vogue Georges Goursat dit Sem (1863-1934), originaire du Périgord. Dessinateur de presse, illustrateur, affichiste, journaliste-chroniqueur et auteur, Sem est une figure artistique majeure de la Belle Époque, toujours accompagné de ses amis peintres Paul-César Helleu (1859-1927) et Giovanni Boldini (1842-1831).
Animé d’une grande curiosité et sensible aux nouvelles influences, Sem est attentif à l’irruption du nouveau, qu’il s’agisse des apports de la photographie, de la mode, du cinéma mais aussi de la danse, en s’intéressant à l’apparition du tango et du jazz en France. Loin de se cantonner à la caricature, il n’est l’homme d’aucun courant artistique, mais il s’invente un style, mêlant la force du trait et des aplats de couleurs.
Comme le souligne Jean-Noël Jeanneney, président de la Fondation le musée Clemenceau :
« Ce talent tient du prodige. L’artiste a fixé pour toujours, de par l’ardeur et la force de son trait, un moment de la politique et d’une certaine société, qu’il a scrutées dans leur apparence tout en guidant, dans le même temps, vers telle ou telle de leurs profondeurs. »
Le parcours de l’exposition-focus présente les débuts artistiques de Sem à Périgueux et à Bordeaux puis son arrivée, en 1900, à Paris où, devenu le chroniqueur de la Belle Époque, il croque inlassablement le Tout-Paris.
La seconde partie de l’exposition-focus aborde la carrière de Sem dans la presse et sa brève collaboration avec Clemenceau en 1913. Au moment où la guerre éclate, Sem devient correspondant de guerre pour plusieurs journaux et profite de cette période pour peaufiner l’imagerie clemenciste qui va se décliner en produits dérivés !
Devenu dessinateur judiciaire, il couvre quelques célèbres procès produisant des dessins réalistes : l’Affaire Caillaux (1917), l’Affaire du Bonnet rouge (1918) ou encore celui du tueur en série Landru (1921).
Les œuvres présentées sont principalement issues de collections privées notamment du musée SEM Périgord.
Du 15 octobre 2024 au 22 février 2025 durant les heures d’ouverture du musée.
A la librairie du musée : « Clemenceau croqué par Sem», postface de Jean-Noël Jeanneney, cahier d’exposition-focus n°9, Musée Clemenceau, Paris, 2024 (10€)